Du 15 au 17 juin 2012, entre Rosnoen et Châteaulin (Finistère)

Ce jeudi 14 juin je suis en visite à Guipavas, tout près de Brest, où des jeunes de la commune achèvent la construction de deux Skerry qui seront inaugurés la semaine qui vient et participeront aux Tonnerres de Brest (où je serai aussi, occupé à la construction de deux autres Skerry avec leurs propriétaires sous le chapiteau "Je construis un bateau").

L'autre raison de ma présence près de Brest est la Route du Sable, qui se déroule sur l'Aulne maritime en aval de Châteaulin. Nous sommes ici près de Landévennec, dans le dernier coude de l'Aulne avant son ouverture sur la rade de Brest, et ces navires sont désarmés et attendent soit un retour en service actif (peu probable pour le "Colbert", au centre) ou plus sûrement un départ vers le chantier de démolition.

Ronan nous avait concocté un "prologue" le vendredi 15 et nous devions partir de Lanvéoc, près de l'Ile Longue, à 5 ou 6 bateaux et rallier Rosnoen sur l'Aulne, d'où partirait la Route du Sable le lendemain. Mais la météo est si mauvaise (vent de 25-30 noeuds et pluie) que nous ne mettons à l'eau qu'à 14h à la cale du Moulin Mer, juste en amont du cimetière des navires en début d'après-midi, et nous ne serons finalement que trois : l'Ilur "Avel Dro", le Skerry "La Marie Pupuce" et le Grand Skerry "Gandalf", qui goute ici sa première eau salée (enfin dessous, parce que dessus, c'est toujours de l'eau douce...)

Nous partons d'abord vers l'embouchure à la rencontre "d'Avel Dro" et ce sont les ponts de Térénez, ancien et nouveau, que l'on aperçoit à l'arrière-plan. Nous sommes abrités du vent par le coude de Landévennec, mais j'ai tout de même pris un ris et Gérard en a pris deux.

Petite visite au "Colbert", à la poursuite de "La Marie Pupuce".

"La Marie Pupuce" prend "Avel Dro" en chasse.

Gérard a embarqué 40 litres de ballast dans deux bidons calés sous le banc central de "La Marie Pupuce". Ce lest améliore considérablement le comportement du Skerry lorsque l'on est seul à bord, en lui donnant plus d'inertie et de stabilité.

Roger Barnes navigue énormément sur son Ilur, qu'il a aménagé afin de dormir à bord en cabanant, ce qu'il fait systématiquement au lieu de dormir à terre.

Nous sommes déventés par la colline visible à l'arrière-plan, qui nous gratifie de temps en temps de risées bien musclées.

Il ne pleut plus et nous sommes encalminés dans l'attente d'une turbulence qui descendra jusqu'à nous : plus haut les nuages défilent à bonne vitesse mais sur l'eau nous n'avons que d'épisodiques rafales. L'un des Ronan a suffisamment confiance dans la stabilité de "Gandalf" pour faire la sieste...

Nous arrivons sous les ponts de Térénez, et nous trouvons tantôt au vent arrière, tantôt bout au vent, car le vent est encore très perturbé, mais cela ira mieux après les ponts.

Un peu plus haut sur l'Aulne, nous avons en effet touché du vent et nous marchons bien, parfois même un peu trop bien dans les rafales au vent arrière. Ronan et moi avons mis en ligne de petites vidéos qui donnent une idée des conditions. Voici celle de Ronan et la mienne. Nous attendons celle de Gérard !

Je suis très content de la vitesse de "Gandalf", qui a conservé les étonnantes qualités marines du Skerry et sa capacité d'accélération dans les risées tout en devenant beaucoup plus sécurisant par sa plus grande stabilité.

"Gandalf" et "La Marie Pupuce" sur la grève du Passage, à Rosnoen, en attendant le départ de la Route du Sable. Le ballast de "Gandalf" est rempli, et on voit qu'il est bien enfoncé pas son lest de 132 litres d'eau.

Pierre est venu d'Etables-sur-Mer avec sa Yole de Chester pour participer à la Route du Sable, et il va faire tout le parcours à l'aviron, comme l'an dernier. Nous remontons avec le flot, ce qui facilite heureusement l'exercice.

Le vent s'est maintenu par rapport à vendredi, et nous aurons 25 à 30 noeuds de vent portant sur la première partie du trajet. Il ne faut pas se fier à l'apparence tranquille de la surface de l'eau sur cette image, car nous recevons régulièrement de fortes rafales.

Pierre a terminé ses préparatifs et s'échauffe en attendant le signal du départ. Je suis heureux de voir qu'il a gréé un mâtereau pour arborer le noble étendard d'Arwen Marine.

C'est parti, on ne sait d'ailleurs jamais trop comment, car aucun signal formel n'est jamais donné à la Route du Sable, mais soudain tout le monde s'élance ! Comme prévu, nous avons une belle brise pour ce début de parcours. On aperçoit respectivement "Avel Dro" à gauche et "Gandalf" et "La Marie Pupuce" au loin sur la droite

Jolie image "d'Avel Dro" qui donne une belle illustration du devers sur une voile au tiers.

Encore une vue de la flottille, qui se partage entre la voile et l'aviron, selon l'embarcation et l'ambition du skipper et de l'équipage.

Une belle risée pour "Avel Dro"...

Didier se laisse pousser par le vent et son Skerry glisse si bien que le seul fardage du bateau et de sa personne suffit à le propulser à bonne vitesse. Il sortira tout de même ses avirons un peu plus loin.

J'ai toujours mes deux ris et le bateau marche bien, en accélérant franchement au passage des risées, tout en restant si stable que Ronan fait des photos au téléobjectif de 400 mm ! J'ai fait une autre vidéo de ce passage.

Sur la cinquantaine de bateaux engagés, je ne sais pas combien sont partis à la voile, mais ce qui est certain c'est que tous ceux qui l'ont fait sont bons car il n'y a eu aucun incident tel que départ au lof ou chavirage.

Le téléobjectif comprime les vagues et donne l'impression que "Gandalf" est à moitié sous l'eau. Il n'en est rien bien sur et ma seule crainte est l'empannage involontaire

Nous voici maintenant au près et je laisse la voile à la limite de la dévente pour "saluer" les risées qui nous tombent dessus sans prévenir. L'une d'elle réussira à me surprendre et à faire embarquer quelques litres d'eau.

Nous sommes successivement dépassés par tous les bateaux marchant à l'aviron car il faut maintenant tirer des bords et nous sommes soit sous-toilés comme ici, soit brutalement sur-toilés sous les risées.

Cette image de Ronan est un clin d'oeil : c'est une "Aulne" (plan de François Vivier) que l'on voit ici arrêtée au premier plan, tandis que la Yole de Bantry "Spered ar Mor" passe majestueusement .

C'est le "Divergont" de Didier au centre qui masque "La Marie Pupuce". On voit que nous avons enfin largué le second ris sur "Gandalf".

Jolie image de "Gandalf" sur un arrière-plan de verdure.

Mais le vent nous lâche finalement à quelques encâblures de l'écluse de Guily-Glaz...

Et nous prenons une remorque pour ne pas retarder le troisième éclusage de la flottille, tandis que la pénique hollandaise ferme la marche.

Je teste enfin la godille sur "Gandalf", et ça marche, l'aviron est assez loin du gouvernail pour me permettre des mouvements suffisamment amples et je ne suis gêné que pour tourner sur bâbord, et modérément. Par contre, on a vraiment beaucoup moins de puissance à la godille qu'à la rame...

Deux des trois Skerry "stadard" engagés dans cette Route du Sable : "Keleren" (anciennement "Will o' the Whisp") à Denis et "La Marie Pupuce" à Gérard. On attend l'ouverture du sas pour écluser.

La godille est nettement plus pratique que la rame pour entrer dans une écluse : avec mes avirons de 2.70 m, "Gandalf" est aussi large que long !

Cette image montre que la pelle de l'aviron est assez loin derrière le gouvernail pour ne pas le taper, sauf pour tourner sur bâbord comme déjà mentionné. Pour godiller plus efficacement, il me faudrait un aviron plus long.

Gérard utilise une autre solution pour réduire son encombrement dans l'écluse ! On aperçoit derrière Denis, qui entre en marche arrière.

Ambiance d'écluse...

Devine d'où je t'appelle !

La sortie se fait en bon ordre.

Et la flottille reprend les avirons pour rallier Port-Launay, où les bateaux passeront la nuit.

"Gandalf" et "La Marie Pupuce" sont à couple "d'An Treizh" : c'est étonnant de voir la différence que font 20% ! Pour ceux qui ne suivent pas régulièrement ces "nouvelles", j'ai augmenté toutes les cotes des panneaux de coque de "Gandalf" de 20% par rapport au Skerry standard.

Je profite de la présence des Yoles de l'Odet "Pen Bleiz" et "Théodore" pour faire cette photo de la chambre.

Les Yoles de l'Odet sont de jolis canots voile-aviron de 6.80 m de long bien toilés (18.50 m2). Elles ne correspondent pas à un type traditionnel mais ont été créées spécialement sur un programme de navigation voile-aviron par l'architecte François Vivier.

Le lendemain matin, la flottille prend le départ de Port-Launay pour Chateaulin.

Et nous voici dans l'écluse de Châteaulin, nettement plus petite que celle de Guily-Glaz, dimensionnée pour le traffic marchand et notamment les sabliers (Route du Sable!) Ca y est, nous sommes sur le canal de Nantes à Brest !

Sortie de l'écluse pour le dernier parcours à travers le centre ville de Châteaulin.

Didier nous montre que quand on n'a ni godille ni pagaie on se débrouille !

En ville de Châteaulin : il aurait été plus amusant (et plus spectaculaire!) de regrouper la flottille à la sortie de l'écluse de Châteaulin pour traverser la ville en groupe plus massif.

Une dernière image de Didier dans son Skerry que nous reverrons au Tonnerres de Brest, comme beaucoup des bateaux visibles sur cette page... En attendant de le revoir à la prochaine édition de la Route du Sable, les 8 et 9 juin 2013.